jeudi 23 mars 2017

L'école du troisième type rencontre avec Bernard Collot





Oh la la la que j'en ai eu de la chance !! A quelques kilomètres de chez moi l'association graine d'arc en ciel a organisé une conférence avec Bernard Collot sur l'école du troisième type et j'ai eu le plaisir d'y assister.


Pour ceux qui ne connaissent pas, Bernard Collot est un instituteur qui pendant quelques décénies a été le maître d'une classe très particulière. Tellement étrange que lorsque les journalistes d'envoyé spécial sont entrés dans sa classe ils l'ont surnommés l'école du troisième type en référence au film de Spielberg " rencontre du 3ème type".
La spécificité de cette classe était  que tous les enfants étaient complètement autonomes pour leurs apprentissages. Ce sont eux qui décidaient sur quoi il travaillerai et combien de temps. Aucun sujet ne leur étaient soumis, ils s'auto-géraient. Tout l'opposé de notre école actuelle.





Je vous laisse découvrir cela en vidéo:




Alors donc bien sûr vous vous en doutez c'était absolument passionnant d'entendre Bernard Collot narrer son expérience. Il nous a expliqué comment il en était venu à cette totale liberté et je vous avoue que c'est ce qui m'a le plus intéressée puisque c'est mon ambition pour mes enfants sauf que dans ma réalité: mes enfants ne savent jamais vraiment quoi faire lorsqu'ils sont laisser à eux mêmes.
A ce sujet au sein de la communauté IEF il y a une théorie très répandue. Pour atteindre ce niveau d'autonomie il faut: laisser l'enfant sans instruction  durant plusieurs mois, voir plusieurs années jusqu'à ce que l'impulsion se fasse d'elle même. Un challenge très risqué à mon goût surtout avec les contrôles qui nous poursuivent chaque année.
Bernard Collot, lui a sa théorie. D'après son expérience, pour arriver à ce niveau d'autonomie il faut d'abord passer par la case  "cadre d'instruction". Par le mot cadre il parle de pédagogies alternatives comme Montessori ou Freinet, suffisamment ouvertes pour laisser éclore des projets. Par la suite, il suffira de ne pas interrompre les projets des enfants même si aujourd'hui c'est le jour de l'anglais et que là il est en train d'éplucher un documentaire sur les animaux.
Cela veut aussi dire qu'il n'y a pas de petits projets à dévaloriser, compliqué aussi lorsque l'on a en permanence à l'esprit ces fichues inspections.
Pour favoriser l'émergence de tout cela, Bernard Collot a laisser une grande liberté aux enfants, mais a aussi:

  •  demandé la participation de tout le village
  • mélangé les classes d'âges (l’hétérogénéité est pour lui primordiale)
  • laissé en libre accès beaucoup de matériels modernes tel que le fax (pour l'époque c'était le top réservé aux entreprises) et du matériel pédagogique (didactique)
  • créé un réseau d'écoles afin de partager et échanger sur différents thème. Les élèves pouvaient ainsi communiquer et organiser des travaux avec d'autres groupes aux 4 coins de la France.
  • offert de l'espace aux enfants. Il compare les écoles actuelles à des clapiers à lapins. Les enfants ont besoin de bouger et ne peuvent s'instruire assis sur la même chaise dans la même pièce toute la journée. 


Finalement, quel était le niveau de ces enfants à la sorti de leur primaire du troisième type ? Et oui Bernard Collot n'a géré qu'un primaire. Comment ses petits protégés se sont intégrés dans le système classique lors de leur entrée en sixième ?
Et bien le plus normalement du monde, nous a-t-il expliqué. Alors bien sûr ils ont découvert qu'il fallait se mettre en rang, écrire ce qu'on leur disait d'écrire dans un cahier et suivre un programme prédéterminé, mais finalement n'ont pas eu de problèmes à s'intégrer dans le système. Leur niveau scolaire n'a jamais posé de problème. Bref pas de souci particulier.

Pourquoi l'éducation nationale a permis ce type d'école ? Car oui il s'agissait bien d'une école publique gratuite de notre chère république. Et bien à l'époque dans les petits villages on trouvait pas mal de classes uniques. Un vrai casse tête pour les enseignants dont les méthodes traditionnelles n'étaient pas du tout adaptées à des classes de 30 gamins avec jusqu'à 4 niveaux de classes.  Vous vous en doutez ce type d'affectation était fuit comme la peste. Bernard Collot s'est retrouvé à la tête d'une classe unique presque par hasard et envie, puisqu'il voulait ce poste pour le logement de fonction qui possédait le chauffage central gratuit lol Et c'est parce qu'il a retiré l'estrade dont il tombé sans arrêt qu'il a découvert la pédagogie Freinet. Bref, de fil en aiguille il a créé son école du troisième type et comme les enfants par la suite n'avaient aucun problème pour s'intégrer au collège, durant des années Bernard Collot a pu faire ce qu'il voulait, pédagogiquement parlant, dans sa classe unique avec le consentement du rectorat.

De cette conférence je retiens plusieurs choses:

  •  Le travail en groupe est vraiment important pour les enfants. Même si nous parents IEF n'avons pas le droit de se réunir pour enseigner, il est important de briser l'isolement de toutes les manières possibles. Il n'y a qu'à l'école que l'on pense que seul le formel est vecteur d'apprentissages. Échanger sur une oeuvre, lors d'une visite au musé, sur un jeux de société etc ... Voilà ce qui aidera nos enfants à  se construire de belles personnalités pleine d'empathie et à les enrichir.
  • L'importance d'un cadre pédagogique au départ pour permettre l'impulsion de l'autonomie. Céline Alvarez en parle aussi dans son livre "les lois naturelles de l'enfant".
  • son positionnement envers l'IEF. Alors il n'a pas dit je suis contre l'instruction en famille, mais il considère que passé un certain âge le cercle d'intérêt des enfants s'agrandit au delà du cercle familiale et donc celui-ci a besoin d'un lieu où il peut s'enrichir à la mesure de ses besoins. Comprenez ce que vous voulez. Pour ma part je suis à 100% d'accord avec lui, sauf que n'ayant pas les moyen de me payer une école du troisième type et bien je me dis que les miens sont toujours mieux à la maison que dans un clapier à lapins. 
Un grand merci à l'association Graine d'arc en ciel pour cette fabuleuse rencontre et à Bernard Collot pour sa prestation.



Plus d'infos sur l'école du troisième type: 



  • Bernard Collot vous raconte sur son blog:   ICI  les débuts de son école du troisième type.

                                                                                ICI sa visite à Angoulême



  • Un peu de lecture:


                                                                  
La pédagogie de la mouche               Chroniques d'une Ecole du Troisième Type





1 commentaire:

  1. Intéressant. :) Pour ma part, je ne parlerais pas de "cadre d'instruction" mais de "proposition d'instruction". Chaque enfant est différent, certains s'habillent très tôt tout seul et d'autres ont besoin de temps, d'explications et d'encouragements. Pour moi, c'est un peu la même chose pour la suite: on s'adapte à l'enfant et au fait qu'il peut être autonome très tôt, ou pas. Dans ce cas, oui l'enfant peut avoir besoin d'un "cadre d'instruction".

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